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dimanche 14 février 2010

Béthune : Le sentier de Catorive

Les vestiges du canal menant à la gare d'eau

Ce dimanche de St Valentin, 11 randonneurs au rendez-vous pour un petit parcours de 8 Km sur le nord ouest des faubourgs de Béthune. Le thermomètre affiche -2°, mais la bonne humeur et comme toujours au rendez-vous elle aussi! La ballade débute derrière la poste de Béthune, nous descendons la Place Foch, «anciennement marché aux chevaux » de cette époque subsiste çà et là, sur les façades les plus anciennes les anneaux auxquels fermiers et maquignons attachaient les animaux. Arrivé au bas de la place avant le pont qui enjambe le canal, nous prenons à droite le chemin de halage, prés de l’ancienne gare «Béthune-Rivage» nous longeons le canal, jusqu’à l’emplacement de l’ancienne gare d’eau de Béthune, un parc de 22 ha dédié à la promenade, à la pêche et aux loisirs, aménagé là, où autrefois 150 à 200 péniches pouvaient s’amarrer le temps de quelques réparations ou d’un ravitaillement des mariniers qui s’approvisionnaient dans les quelques commerces existant à proximité.

La gare d'eau sous la neige.

Quelques maisons témoignent de cette époque aujourd’hui révolue, ce sont les oiseaux qui habitent les lieux : grèbes, colverts, oies, pinsons, mésanges, etc., le tour du plan d’eau enneigé et gelé étant effectué nous revenons sur l’autre rive du bras de canal, en passant sous l’avenue Kennedy pour rejoindre la place du Gal De Gaule nous marchons le canal comblé, en 1973, pour rejoindre le port de plaisance par la résidence Conflans Ste Honorine puis le quartier de Catorive avec ses petites maisons non dénuées de charme, considéré comme étant le berceau de Béthune. « On ignore à peu près tout des origines de la ville de Béthune mais tous les historiens semblent d’accord pour considérer qu’elle est née autour de ce qui est devenu le quartier de Catorive. »

Un peu d’histoire aide à comprendre ce quartier!
Ce nom même paraît annoncer un château construit sur une rive de la Lawe. Les romains lors de leurs conquêtes avaient pour habitude d’établir de nombreux forts pour la défense des zones frontières, on peut penser que l’un d’eux fut établi au milieu de ces terres fertiles en profitant d’une boucle de la Lawe, rivière alors navigable mais aussi protection naturelle. La Lawe fait vivre les habitants. En effet, après avoir été le catéchiste de Clovis, Vaast, va être envoyé par St Rémi pour évangéliser les régions de Cambrai et d’Arras. Il incite les habitants, vers 502, à construire une église dédiée à la vierge sur le point culminant de leur village (l’actuelle place Pasteur).Remontent par la Lawe, du vin venu de la région de Bruges, du poisson (hareng et saumon), de la laine, des peaux, du sel et des épices. Descendent la rivière, de l’avoine, du blé, des draps, du sable, du gré et de la chaux. La Lawe, qui se jette dans la Lys à La Gorgue permet en effet de commercer avec de grandes villes comme Gand, Anvers, Cambrai ou Valenciennes ou même avec Lille en remontant la Deûle. Cependant la découverte d’une pièce de monnaie portant l’inscription « Bitunia », et datée du VIIIe siècle, semble attester de l’importance de la ville. La cité est considérée alors comme le « 3e lieu entre les neufs principales villes d’Artois », après Arras et St Omer. Des embarcations sur la rivière, ça ne date pas d'hier. Aménagée au XIIe siècle, la Lawe est étroitement liée au commerce de Béthune. La ville gère les digues, les berges, le chemin de halage. En 1344, Béthune aménage le lit de la rivière pour augmenter artificiellement son niveau d'eau. L'objectif est de faire circuler des « nefs », des grandes barques à fond plat pouvant contenir plus de 25 tonnes de blé. Le blé artésien est ainsi acheminé vers les villes et ports flamands. Mais, la canalisation de la Lawe en restera toujours à un stade archaïque. Avec les siècles, le trafic sur ses eaux diminue au profit de la route. En 1782, les ingénieurs du roi inspectent la rivière et constatent que, envasée et tortueuse, elle ne peut guère être empruntée que par des petites barques.Béthune est alors une plaque tournante et Catorive est le quartier où tout arrive et d’où tout part. Faute d’archives écrites, on ignore ce qu’il advint de Béthune et de Catorive jusqu’en 940. En 1510, la Lawe qui jusqu’alors n’était navigable que jusqu’au faubourg de Catorive est prolongée, par un canal de près d'un kilomètre et demi, jusqu’à la ville (en bas de l’actuelle place Joffre), dès lors le faubourg perd de son importance. Les dépôts de marchandises sont transférés à l’emplacement de ce qui devient le faubourg du rivage (en bas de l’actuelle place Joffre). Depuis 1780, elle a subi des transformations. Auparavant, elle traversait les villages en formant des mésandres si nombreux et prononcés que l'imagination se refuserait à y croire. La navigation s'y faisait au moyen de bateaux semblables à ceux des dragueurs d'alluvions.Il fallait 8 jours pour descendre de Béthune à la Gorgue.

Le bras mort du canal prés de la Résidence Conflant Ste Honorine.

Le XI e et le XIIe siècles sont ceux de tous les malheurs pour la ville et Catorive.
Des tremblements de terre se font ressentir en 1013, 1080, 1086, 1093 et 1094. Ils dévastent la région, provoquent des inondations qui en ravageant les champs ensemencés amènent des famines. La région est aussi touchée par des épidémies de peste qui tuent plus de la moitié de la population. En 1093, le mal des ardents atteint Béthune. En 1188 une violente épidémie de peste sévit, de nouveau, dans la région.Une nuit, un maréchal-ferrant de Béthune, Germon, et un forgeron de Beuvry, Gauthier, font le même rêve : St Eloi, leur saint patron, leur intime à l'un de se diriger vers Beuvry, et à l'autre d'aller à Béthune. Il leur demande encore de créer une confrérie ou charité qui inhumera les morts. Le 21 septembre, ils se mettent en route, arrivés à Quinty, ils se rencontrent et se racontent leurs rêves. Ils prient puis décident d'aller prendre conseil auprès d'un moine du couvent cistercien de St Pry à Béthune. Celui-ci les encourage à créer la confrérie demandée et à se mettre immédiatement au travail. St Eloi ne les protége-t-il pas et ne leur a-t-il pas assuré qu'ils ne seraient pas atteints par l'épidémie? Aussitôt les deux hommes commencent à ensevelir les morts. Bientôt les habitants de Béthune et de Beuvry les aident dans leur tâche. Peu à peu l'épidémie cesse. Aucun charitable n'est mort et aucun ne mourra jamais, pendant l'exercice de ses fonctions, d'une maladie contagieuse...En 1346, Béthune est assiégé par les Flamands et ses faubourgs détruits.
En 1450, Béthune devient propriété du duc de Bourgogne Charles le Téméraire
Mais Louis XI, profitant de la déroute de la Bourgogne s’empare de la ville en 1477. En 1488, Maximilien d’Autriche, envahit l’Artois pour réclamer l’héritage de sa femme, Marie de Bourgogne morte après avoir donné naissance à un fils qui devait être le père du futur Charles Quint.
En 1522, la ville est touchée par la peste. En 1527, la guerre reprend entre la France et l’Espagne, De nombreux travaux sont engagés de 1528 à 1530 pour renforcer les fortifications. Charles-Quint voulant resserrer l’enceinte des fortifications ordonne, en 1533, que l’église St Vaast de Catorive, détruite, soit reconstruite au centre de la ville, sur l’emplacement de l’église actuelle.
En 1551, Marie, gouvernante des Pays-Bas, ordonne de détruire toutes les maisons dans les faubourgs jusqu’à une distance de 400 pieds des fossés de la place. Une partie de Catorive disparaît.
En 1557, nouvelle peste et une fois encore, le faubourg, paye un lourd tribut. La ville perd 2000 habitants.
Vers 1600, la région connaît une période de prospérité. Une faïencerie semble avoir existé au faubourg de Catorive près du site de l’ancienne station d’épuration au bout de l’actuelle rue Jean Rostand.
En 1615, la ville achète 2 mesures de terre près du Mont-Sorel pour y établir un hospice des pestiférés.
Mais en 1642, de nouveau, les Espagnols investissent la ville. De nouveau les faubourgs sont détruits et pillés. En 1645, les Français entreprennent de reprendre la ville. En 1646, les environs de Béthune souffrent d’une attaque des Espagnols
Entre 1679 et 1688 Vauban fortifie la ville. Béthune fait partie de la 2e ligne de villes fortifiées avec Gravelines, Saint-Omer, Aire, Arras, Douai, Bouchain, Cambrai
Fortifications de Vauban

En 1779, pour satisfaire aux nouveaux besoins, un terrain est béni au faubourg de Catorive pour servir de cimetière aux défunts des paroisses St Vaast et Ste Croix. Le premier corps y est inhumé le 16 juillet 1779. On cesse pendant la Révolution d’y enterrer de 1794 à 1802. Il redevient le principal cimetière de la ville jusqu’en 1840, date de l’ouverture du cimetière nord. En juillet 1815, des royalistes pressés soit de mettre Béthune, considérée comme ville bonapartiste, au pillage, soit de fêter en avance le retour de Louis XVIII, tentent de mettre le siège devant la ville. 1825 voit l’inauguration du canal d’Aire à La Bassée qui relie la Deûle à la Lys. Il établit la communication avec les ports du littoral, les centres industriels de la région lilloise, Saint-Quentin et Paris et permet de raccourcir le trajet de 50 kilomètres entre l'Aa et l'Escaut.
Le 24 juin 1852 éclate un violent incendie au faubourg de Catorive. Le 26 avril 1863, nouvel incendie qui détruit une partie du faubourg.
En 1870, le démantèlement des fortifications commence. En 10 ans, toute trace en disparaît. Dès 1871, la Compagnie des mines de Bruay entreprend de creuser un rivage à Catorive auquel aboutit un chemin de fer.En 1879, la Lawe entre en crue et inonde une partie de Catorive. Il en est de même e n 1880, 1881, 1888, 1894, 1898.En 1912, la Compagnie des mines de Bruay a expédié 843000 tonnes de charbon par voie d’eau.




Le quai de Bruay, d'ou partaient des tonnes de charbon (Haut 1920, bas actuel)


Béhune et la Grande guerre 1914/18


En septembre, la ville a déjà subi 53 bombardements et reçu plus de 2000 obus. En 1916, ce front se calme. 1917 est plus calme, même si le front est proche. La ville n’est bombardée que 3 fois. Le 18 décembre les obus tombent sur la sacristie de l’église St Vaast à l’heure du salut. Le quartier reprend vie notamment grâce au canal. Béthune est entre les deux guerres, un des 10 premiers ports fluviaux français. La voie d’eau, comme depuis toujours fait vivre le quartier. Jusqu’en 2000 s’y tient la bourse d’affrètement. Peu à peu, les mines ferment et les quais sont abandonnés puis les commerces ferment les uns après les autres.

En 1972, le canal est rebouché et remplacé par un parc. Ce qui fut le cœur de la ville se meurt !
Et notre ballade se poursuit, du bout de la résidence Conflans Ste Honorine en longeant le bras de canal, jusqu’au pont du Quai de Bruay puis la rue du Pré des Rois, longer la rue d’Aires, jusqu’à la Lawe et sur la gauche l’ancienne tannerie, qui profitait autrefois de la force de la rivière, nous suivons ensuite la rue du pont des Dames, longeant encore la rivière ancestrale de la ville, qui autrefois coulait au bas des remparts aujourd’hui occupé par les terrains de sport et de pétanques, jusqu’à la rue Sully, là nous y retrouvons un vieux moulin lui aussi mue il y a longtemps par l’eau de la Lawe, nous empruntons la rue de la Brette sur la gauche, la rue Parmentier, à gauche et ensuite la rue de Fouquereuil, pour revenir sur le jardin public, son kiosque construit en 1875, il constitue la réplique exacte du kiosque du Jardin de la Pépinière à Nancy. Alliance du fer et de la fonte, il annonce le style dit « nouille » variante de l’art nouveau.


Les randonneurs au jardin public, sous la neige.
Le Jardin Public est situé sur les anciens marécages entourant le château de Béthune. Chaque été, le kiosque accueille les harmonies locales. Le kiosque et les quatre grilles sont inscrites à l’Inventaire Monuments Historiques depuis 1975. A la sortie du jardin par la rue Rouget de Lisle nous découvrons les trois sommets de Béthune l’Eglise St Vaast, le Beffroi et l’Hôtel de Ville. Nous contournons la place Foch « anciennement Place du Jeu de paume» celle-ci très glissante après les récentes chutes de neige, (attention les abords sont minés de crottes de chiens)à droite rue Fernand Bar, et deuxiéme à droite ruePaul Bert (certainement une des plus anciennes rue dela ville tout comme la maison qui se trouve à l’angle de la rue de la délivrance que nous empruntons , passant devant « la Charité » le monument fut construit au XVIIIe siècle. Les sœurs de la Charité soignaient les pauvres et les malades. En 1854, le lieu devient un bureau de bienfaisance et un orphelinat de jeunes filles dirigées par les religieuses jusqu’en 1954. Depuis, la Charité, restaurée, est devenue la maison des Associations. Nous nous dirigeons vers le centre ville par la droite rue Bellonet, rue des Martyrs, et la rue du Carillon en admirant au passage l’Eglise St Vaast, les paroissiens s’y pressent, il est onze heures et le Beffroi nous distille sa douce mélopée. Le la Grand-Place, nous rejoignons la poste par la rue Albert 1er et la place de la République.


Le Beffroi et son carillon.

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